C'est l'histoire de ma vie MON HUMBLE EXPERIENCE [color=#777777] « June ? » Je sortis à peine la tête de ma couette, sachant pertinemment à qui appartenait cette voix encore enfantine. « Encore un cauchemar ? » Mon frère jumeau s’avançait dans ma chambre, essayant de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller les parents et se glissa sous mes draps. « Oui, encore, j’arrive pas à dormir sans toi. » Je souris en me serrant contre lui. Ca avait toujours été comme ça, et ça n’était sans doute pas prêt de changer. Nous avions déjà 12 ans et cela faisait un bon moment que je ne croyais plus à cette histoire de cauchemar. Après tout…plus personne n’en faisait à notre âge. Mais je m’étais habitué à l’avoir avec moi, jour et nuit, et j’avais du mal à imaginer qu’il arrête un jour de venir dans ma chambre. Je ne savais pas si nos parents étaient au courant de ce petit jeu, pour eux, les cauchemars étaient sans doute toujours d’actualité, c’était tellement enfantin, pourtant… « Je sais. » Je n’avais plus besoin de rien quand il était là, contre moi, c’était comme si tous mes problèmes disparaissaient en sa présence. On se comprenait, tous les deux, c’était sans doute ça, être jumeaux. S’aimaient et se soutenir. Mais j’avais du mal à croire que tous les jumeaux étaient comme nous. A l’école, nos camarades nous appelaient les pots de colle, je n’avais jamais aimé ce surnom car c’était une forme de moquerie. Etais-ce à ce point grave que j’ai besoin de mon frère et que lui ai besoin de moi ? J’avais rejeté toutes les personnes essayant de se mettre sur notre chemin, et je savais que Mike en faisait de même. « Bonne nuit, Juny’ » Je souris en arrêtant de me poser des questions. Après tout, qui savait vraiment ce qui nous attendait demain ? J’étais jeune. Je n’avais que douze ans, en y pensant. Et j’avais toute ma vie devant moi pour y réfléchir. « Chérie, c’est pour ton bien…et pour celui de ton frère. » Je la regardai, sans comprendre. Mon bien ? Mais depuis quand savait-elle ce que je voulais vraiment, ce qui me ferait vraiment du bien ? J’avais tendance à penser qu’elle me prenait pour une idiote, alors que j’étais loin d’en être une. « Mon bien ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Si tu t’en souciais, tu n’essayerai même pas de me séparer de Mike ! Il a besoin de moi et j’ai besoin de lui, tu le sais ! » Mes yeux me piquaient, comme si des larmes allaient commencer à couler le long de mes joues. Mon frère était sans doute le seul pour qui je pleurerai un jour. Mais ça ne serait pas aujourd’hui. Surement pas, pas devant ma mère. Elle serait sans doute trop heureuse de mon malheur. Comment pouvait-elle, même une seconde, imaginer m’envoyer dans un pensionnat ? « Tout ce que je sais c’est que ton frère est amoureux de toi. Tu ne trouves pas le problème dans cette phrase ? » Le problème ? Mais nous n’étions que des gamins ! Avait-elle vraiment besoin d’en faire tout un drame ? Je savais au fond que Mike et moi serions un jour contraint d’arrêter de dormir ensemble à cause de nos parents…Mais si tôt…C’était impossible. « Maman ! On a treize ans ! Ca lui passera, tu le sais ! » Je m’attendais à sa réponse. C’était tellement prévisible que j’avais envie de la dire sans même l’écouter. « Je n’en sais rien, justement. » Bonne pioche. Je serrai légèrement les poings et mes yeux remplis de larmes devaient sans doute lancer des éclairs. Je savais que mon père devait être en train de raconter la même chose à Mike et cette pensée me révolta. Pourquoi est-ce que les parents devaient toujours tous choisir à notre place ? Si j’étais bien ici, je le resterai. Point barre. « Et puis lâche moi maman ! Si tu crois vraiment que tu vas pouvoir m’enfermer dans un internat pour petite fille sage, tu te goure complètement ! Si ça te pose un problème que je ne me dispute pas avec mon frère et que sois heureuse qu’il existe, va-y, engueule moi et essaye de me faire changer d’avis sur lui, mais c’est peine perdu. » Je la voyais suffoquer. Au début, c’était à peine perceptible et puis, son visage devint plus bleu comme ci quelque chose l’empêcher respirer. Mon père arriva derrière moi, de nulle part, d’ailleurs, et me bouscula. « June ! Arrête ça tout de suite, tu veux la tuer ou quoi ? » Je sortis de la pièce, claquant la porte derrière moi et allant me réfugier dans ma chambre. Je savais que Mike allait en faire de même et il me serrerait sans doute dans ses bras pour que je pleure comme une madeleine. J’avais fallut tuer ma mère aujourd’hui, juste parce que je pouvais remplier ses poumons d’eau et que je ne savais absolument pas contrôler ce pouvoir. Ou juste parce que j’en avais eu envie, sur le coup… C’était étrange. La rue habituellement déserte était bombée. J’arrivais à peine à me frayer un chemin avec mon sac de danse dans mon dos. J’avançais donc lentement, essayant d’éviter de m’énerver et de faire des dégâts, une nouvelle fois. Une maison que je ne reconnaissais pas se dessinait sur mon chemin. C’était vraiment là dedans que j’habitais ? La façade était noir de cendre, le toit en perdait toute beauté et les fenêtres étaient complètement carbonisaient et noires. « Apparemment l’incendie à prit du rez-de-chaussée, alors que des pâtes étaient en train de cuir. Madame et Monsieur Duncan n’ont pas survécu alors que leurs deux enfants n’étaient pas présents au moment de l’incendie… » Oh mon dieu. Un frissonnement parcouru mon corps tout entier. J’avais treize ans. J’étais un peu peste sur les bords. J’allais être envoyé dans un pensionnat. Mes parents étaient morts. Oh mon dieu. Je couru. Je ne savais pas où j’allais, ni où je devais aller d’ailleurs. J’étais paumée, complètement paumée. « June ! » Je me retournai vivement, en entendant la voix du seul qui pourrait me soutenir. Je courais vers lui, me jetant dans ses bras déjà bien solide pour son âge. Il enfouit son visage dans mes cheveux détachés e me murmurant ses choses que je ne pouvais comprendre à cause, sans doute, de mes sanglots. « Tout va bien, June, je suis là. On est tous les deux maintenant, plus rien ne nous séparera. » Les bénéfiques étaient assez idiots. C’était ce que je m’étais dit après plusieurs années à servir le mal. On se fait à ces idées toutes faîtes à force de les entendre et finalement, aujourd’hui, je le pensais sincèrement. Choisir d’être un être maléfique était sans doute une solution de facilité…tellement mieux que d’être une bénéfique qui finira de toute façon par mourir. « Hey, poupée, je suis sûr qu’on va bien s’entendre. » Je tournai vivement la tête. Je venais de finir mon service. Mes les hommes qui venaient dans ce bar étaient trop idiots pour s’en rendre vraiment compte. Ou trop bourré, au choix. Et puis, je n’étais pas une prostitué, j’étais une strip-teaseuse ce qui était totalement différent. « Je pense pas, non. » Je continuai de siroter ma vodka, comme ci de rien était, espérant qu’il parte de lui-même. Je n’avais pas envie de faire de massacre ce soir. J’étais assez fatiguée, en fait. « Ah mais je crois que si, au contraire. » Il se rapprocha tellement de moi que je sentis son haleine alcoolisée. Il m’attrapa vivement le poignet, et alors que j’allais lui faire mordre la poussière une boule de feu vint le tuer sur le coup. Ce vieux pervers n’était maintenant plus qu’un tas de cendre. Un sourire se dessina sur mes lèvres en relevant la tête. Mike, évidemment. « J’aurais pu me débrouiller toute seule, tu sais ? » Il s’approcha de moi, un sourire enfantin et malin aux lèvres. Il se pencha vers moi pour m’embrasser et je tournai légèrement la tête pour qu’il touche ma joue, et non le coin de mes lèvres. « Je sais. » Notre relation était devenue étrange, en fait, elle avait toujours était étrange. Il m’aimait. Et au fond de moi, même si je ne voulais pas y succomber, je l’aimais tout autant. Mais c’était mon frère. Je n’avais pas le droit de me laisser aller. Je n’avais pas le droit d’être heureuse, dans un sens. Et même si ses lèvres me manquaient, je préférais rester cacher derrière ce lien de sang, je préférais faire comme ci, comme ci ça me suffisait…